Bas les pinces... euh les pattes!!!

Publié le par La Grosse Zèbre

Ce matin, ma copine Maman Koala m'envoyait le lien d'un article en 2 parties (ici et ici sur l'excellent blog de Zone Zéro Gène) et il m'a laissée songeuse une bonne partie de la matinée. Qu'est ce- qui était donc si sous-jacent et qu'est ce- que je n'arrivais pas à toucher du doigt? Quand soudain, tout m'est revenu et m'a éclaté à la figure: la pose de mon stérilet en 2008:
Grand garçon a 10 mois, mon retour de couches n'est toujours bas revenu (merci l'allaitement long!) mais mon ex refuse et capotes et deuxième bébé: résultat c'est bibi qui s'y colle, mais c'est une autre histoire. L'histoire que je vais raconter ici est autre, et malheureusement vraie. Après déclenchement de règles par un médicament non-cité en ce lieu, mon rendez-vous se profile. 1 heure d'attente avec bébé en poussette. Rajoutez à ca 1 heure de trajet et le petit médicament antispasmodique rose que je devais prendre pour avoir moins mal ne fait plus effet, si jamais effet il a fait.
Crédit photo: Ambro / FreeDigitalPhotos.net
On me pousse à l'intérieur, m'ordonne de me déshabiller (devant mon enfant) et de m'installer sur la table, pieds dans les étriers. Je m'exécute et me retrouve mon intimité écartée face à un miroir au dessus du lavabo situé juste en face de moi. Pudiquement j'essaye de cacher mon sexe ouvert avec mes mains ou autre. Mais essayez de serrer les jambes quand vous êtes installée le cul au bord de la table et les pattes écartées. Madame la Gygy-Obs me pose alors peu délicatement un speculum à usage unique. Je lui demande de me montrer mon DIU car je souhaite me familiariser avec cet objet qui sera dans mon utérus pendant les 5 années à venir et on me répond:
"Pour quoi faire? De toute façon vous ne le verrez pas!"
Sortie ensuite de la grande armada de guerre: tenaculum ou pince de Pozzi pour les intimes (cliquez pour faire plus ample connaissance avec la barbare). On me prévient d'un ton sec et rapide qu'on y va et je sens une brûlure, une douleur aïgue qui semble me transpercer le bas ventre, pas le temps de souffler ou de reprendre mes esprits. "Mais Madame, vous avez accouché, vous ne pouvez pas être si douillette!"
Mon anti-bébés et posé, on m'ordonne de me rhabiller car y a encore des patientes derrière, et surtout je passe par la case "Vous réglez en espèce ou par chèque?". Sauf que j'ai des questions, j'ai beau être rhabillée, je me sens totalement nue, endolorie et mal. Je frôle le malaise vagal et je suis bien heureuse de pouvoir m'accrocher à la poussette pour rentrer chez moi, car il n'y a pas de temps pour que je me remette de mes émotions. Par la violence de l'acte de la pose du stérilet, j'ai toujours eu du mal à vivre avec lui et je l'ai fait retirer deux ans après avec pleurs de soulagement et un sentiment de libération. Surtout que Gygy de l'époque a eu une finesse et délicatesse d'approche ("Puis-je vous examiner?", "Je vais vous expliquer tout ce que je fais...") qui ont fait que je n'ai même pas senti le retrait du stérilet à proprement parler, et que j'ai enfin pu examiner sous toutes ses coutures l'individu qui avait passé quelque 22 mois en moi!
Puis, un jour j'ai décidé de suivre la formation des Doulas de France. J'ai appris que je pouvais dire "NON" à des gestes médicaux, quels qu'ils soient, même s'ils ne sont pas invasifs à proprement parler. J'ai appris qu'il y avait des alternatives. J'ai compris que nulle personne ne devait connaître mieux mon corps que moi et qu'il est un temple sacré qu'on ne souille pas à coup de pince de Pozzi ou touchers vaginaux invasifs alors que je mets un point d'honneur à le célébrer et le consacrer. Je me suis diot que le chemin (et tout ce qu'il implique mais j'y reviendrais aussi dans un autre post) allait être long et semé d'embûches mais j'ai eu la chance d'avoir d'agréables surprises: lors de ma deuxième grossesse j'ai fait la connaissance d'une sage-femme extraordinaire. Lors de la première consultation, je pensais que j'allais avoir THE fameux TV pour évaluer "l'état" de ma grossesse ("Madame, vous avez un bébé dans le ventre!" -"Euh, ca, à priori je le savais depuis 5 mois déjà!" ... je suis mauvaise je caricature). Mais c'en fut tout le contraire. Nous avons papoté pendant une heure et demi, elle a à peine regardé mon dossier médical rapporté à cause du déménagement mais a vraiment écouté ce que moi je ressentais: date présumée de début de grossesse selon moi, l'état de mon col si je le savais etc... Puis elle me dit "Au revoir". Intriguée, elle me dit que les examens ne sont pas systématique s'il n'y a pas des symptômes qui incitent alors à le faire, plus pour rassurer le praticien lui-même. Car la maman SAIT instinctivement quand ca ne va pas! C'est ce jour là que je suis tombée amoureuse de Carla, ma sage-femme.
Mais apparemment ce n'est pas la seule à exercer comme cela. Ayant eu un col qui a commencé à s'ouvrir assez tôt dans la grossesse, j'ai eu plusieurs frayeurs nécessitant (pour me rassurer) d'aller à la maternité. Ou j'ai croisé une équipe médicale ne prônant pas le TV. Et ce pour une simple raison. Si une personne lors du travail ne peut assurer tout le suivi, il n'y a pas de TV répétitifs (juste un à l'arrivée), car il y a autant de différence de tailles de doigts que de sage-femme à la mater' et un joli "vous êtes dilaté à 5!" Peut devenir un "petit 4" pour la sage-femme qui "passe derrière". Étonnant, n'est-ce pas? Mais c'est du vécu et je dis chouette alors!
Crédit: Sous la blouse
Ah malheureusement, tout les médecins ne sont comme ma douce Carla, ou encore comme le Dr Karma dans Le Choeur des femmes de Martin Winckler ou encore comme ici Sous la Blouse. Mais à moi donc à ce jour de mettre du baume sur ce souvenir douloureux et de ne jamais oublier que mon corps est un temple sacré et que c'est à moi de le préserver des invasions barbares, qu'elles que soient leur nature (mais ici, on parle bien d'invasions médicales!). "Non, tu ne toucheras pas à mon corps sans respect et sans mon autorisations et sans m'expliquer ce que tu souhaites y faire!" Et que pour moi, tout geste invasif et/ou douloureux allant à mon encontre s'apparente à un viol! Et oui, le mot est dit. Sur ce, à bon entendeur!
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