La Naissance de Petit Chat
Depuis le temps que je devais poster mon réçit d'accouchement, je me sens enfin prête de vous livrer ce jour si mitigée en émotions.
Honnêtement, je pense que si j’avais écrit ce récit juste après la naissance de mon fils, il aurait eu un tout autre aspect, plus rose, plus édulcorée, plus aux anges. Je ne sais si c’est dû à mon manque d’information (je pensais pourtant être bien préparée) ou au fait que en ayant laissé faire, j’y ai laissé aussi une part de conscience que je n’ai retrouvée que quelques mois après en partageant les expériences des unes et des autres. Allah oualem.
Pour commencer déjà, je me suis fait hospitaliser à 33 semaines de grossesse pour pré-éclampsie : tension élevée, vertiges, œdèmes, douleurs sur le sternum. Tour fait penser à ca, mais on n'en est pas sûr. On décide de me garder, à défaut de me césariser de suite, on essaye de rendre mon état stationnaire et laisser « mûrir » bébé jusqu’à la 36ème semaine. Au bout de 2 semaines et demi, on me relâche enfin et me faisant revenir tout les deux jours et ce jusqu’à la date du terme en me menaçant de déclenchement à chaque monitoring, un coup à cause de ci, un coup à cause de ca. Je commence à en avoir marre et à sauter les rendez-vous car je sens que mon bébé va bien, al hamdouillah. J’ai même une pêche d’enfer, je fais le ménage à fond, je me ballade longuement, je monte des meubles et j’ai même envie et la force de courir un peu.
Vendredi 6 juillet 2007: je me lève avec l’impression d’avoir des fuites urinaires. Bon je ne m’affole pas. Mais ca continue de couler malgré tout un peu toute la matinée. Je me dis : "Là ma cocotte, va falloir que tu la termines ta valise, tu vas accoucher dans 10 jours normalement". Je dois aller pour mon contrôle mais je traine, pressentiment ou pas que c'est pour bientôt, de gré ou de force, j’arrive à la mater vers 17h. Routine puis j’annonce mes fuites. Amniocator, la poche des eaux est fissurée, bébé est en danger, vous restez avec nous. Si bébé ne vient pas tout seul, on vous déclenche. Sauf que ca fait 2 semaines que je n’ai plus de contractions. Et je suis venue sans valise. Je veux rentrer chez moi mais on refuse et la longue poireaute commence.
23 heures : après passage éclair de mon mari, du gynéco de garde, et de je ne sais combien de personne qui font le même constat que moi : je ne suis pas en travail, on me pose un tampon aux hormones. Deux heures plus tard, l’enfer commence : j’ai des contractions atroces qui arrivent toutes les deux minutes. Je souffre, mais elles sont inefficaces, le col ne bouge pas. Pendant ce temps je me vide aussi.
Mon mari arrive au moment ou on me met en salle de travail vers midi. Sauf que je ne suis toujours pas en travail et bébé, qui bouge bien, est toujours très haut. On me pique, on me rate, on me repique pour me mettre l’ocytocine, je ne veux pas : "Mais c’est pour votre bien Madame et celui de votre bébé, il est en danger". Et les vraies contractions de travail commencent. Enfin. Grâce à ma super SF de PMI, j’arrive très bien à les gérer. J’en suis surprise moi-même et les SF aussi.
Mais ca ne va toujours pas assez vite pour Gygy. Il décide qu’on me pose la péridurale d’office pour accélérer le travail et annonce la couleur : si à minuit, bébé n’est pas là, on ouvre. Il est 19 heures. Et j’ai soif, si soif ! Juste une gorgée d’eau s’il vous plait. Heureusement je me console avec le fait que c’est la SF avec qui j’avais préparé mon plan de naissance qui sera de garde ce soir. C’est elle qui m’assistera pour mettre mon bébé au monde. Elle me connaît, mes idées et mes convictions et les respecte. Elle limitera donc aussi au max les TV. Ouf. Mais malgré la péri et le max d’ocytocine, la poche des eaux percée (« Mais Madame, vous aviez beaucoup trop de liquide ! », j’ai tout inondée), le travail avance que très lentement, le Gygy s’impatiente et va se coucher en grognant, que quand je serais décidée à accoucher faudrait l’appeler, au plus tard à minuit pour césariser.
Dimance 8 juillet 2007: Enfin vers minuit (provocation ?) je suis ouverte à 10, je sens bébé qui descend. Je commence à paniquer, je ne sais pas comment pousser, ma SF s’en rends compte et m’engueule gentiment pour me calmer et me dit que ca sera à moi de pousser afin d’engager bébé et le mettre au monde.
illustration de Valy B
Voilà, excusez-moi de la longueur de ce récit, mais je crois que j’avais besoin d’exorciser un peu cela. J’ai passé 30 heures en travail provoqué, entouré par une super SF mais un ****** de Gygy, j’ai subi plus qu’été actrice alors que je m’en sentais capable et surtout j’ai été victime de la sacro-sainte sécurité à respecter lors de mon processus de guérison de cette effroyable maladie qu’est la grossesse. A ce moment là, j’ai trouvé ca normal, aujourd’hui je suis profondément choquée par mon vécu et me sens volée de ce que j’aurais pu faire autrement et surtout moi-même avec un autre encadrement. Et plus j'avance dans ma réflexion et plus je me dit que je tenterais bien un AAD pour le prochain inch Allah.
Il reste pourtant clair à mes yeux, que malgré ce que j'ai enduré, celà resté l'un des plus beaux jours de ma vie: le jour où j'ai tenu enfin mon fils dans mes bras pour la première fois!